La directrice de la Fondation Max Cadet, Geneviève Cadet (debout), observant un dentiste en pleine activité. / Photo : Kendi Zidor

Le 20 mars ramène la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire. De belles dents sont un atout esthétique non négligeable, mais en Haïti les dentistes semblent faire partie des médecins les moins consultés en dehors des cas d’urgence. Pourtant la problématique reste assez préoccupante au regard du manque d’information autour des comportements qui garantissent une bouche saine. Mauvaise haleine, carie dentaire, dents mal alignées sont des cas assez fréquents. Chacune de ces anomalies fait coller des épithètes moqueuses aux personnes concernées. En outre, les maux dentaires sont connus pour être des plus atroces. Malgré tout, la majorité des patients pensent à se rendre aux cliniques dentaires seulement quand leurs cas dépassent la limite du supportable. À la Fondation Max Cadet, située sur la Route du Canapé-Vert, des dizaines de personnes attendent patiemment leur tour pour se faire ausculter. Certains veulent en finir avec des douleurs impitoyables, d’autres se présentent pour des cas moins pressants. Tous les jours, ce centre offre à près d’une centaine de personnes des soins divers.
Le chirurgien dentiste, Tima Mondésir, venait visiblement de voir un patient. Il porte une blouse, un masque, un bonnet et des gants. Pour avoir déjà passé des années dans cette clinique à vocation philanthropique, Dr Mondésir est bien placé pour affirmer que ce sont les cas qui inquiètent les patients qui les portent à recourir à une assistance spécialisée. Il soutient pourtant que les visites préventives sont très conseillées pour garder la bouche et les dents en santé. Au moins deux fois par an, chacun devrait voir son dentiste afin de s’assurer que tout marche bien, dit-il.
Tima Mondésir fait remarquer des risques élevés encourus par la population vu un ensemble de mauvaises pratiques dans la société. L’automédication et le charlatanisme sont deux des plus grandes menaces face à la santé bucco-dentaire en Haïti, croit-il. Il affirme que de nombreux patients se font souvent enlever des dents à tort parce qu’ils font confiance à des charlatans. Tout en précisant que l’extraction dentaire doit se faire uniquement dans des situations irréversibles, Dr Mondésir souligne que les interventions maladroites peuvent causer de graves complications. Une campagne de sensibilisation sur les soins bucco-dentaires et un contrôle soutenu par l’état de l’exercice de la dentisterie sont, selon lui, des actions à envisager pour sauver ce qui peut l’être.
La directrice générale de la Fondation Max Cadet, Geneviève Cadet, fait savoir qu’une gamme de soins très large est offerte par cette organisation à but non lucratif qui s’apprête à célébrer ses 25 ans d’existence. « Notre philosophie est de pouvoir assister les plus défavorisés, mais nous accueillons un public très diversifié », dit-elle en exprimant la fierté de poursuivre avec ses frères et soeurs l’oeuvre de son père défunt, Max Cadet. Elle se réjouit de la bonne réputation dont jouit la Fondation, indiquant que d’ici décembre, la clinique aura soigné cent mille patients depuis le lancement de ses services. Le cout des services, étant assez dérisoire la Fondation peine parfois à régler ses comptes, dit Geneviève Cadet. Toutefois grâce aux supports des certains secteurs de la diaspora, « nous continuons à desservir un public de plus en large, incluant même des groupes vulnérables comme les enfants en domesticité ». Après la mort du chirurgien dentiste Max Cadet en 1992, sa famille a créé la fondation pour continuer ses actions en faveur des démunis. La Journée mondiale de la santé bucco-dentaire est célébrée chaque année le 20 mars. Le thème de cette année, « Dirige ta vie, dessine ta bouche », invite chacun à se soucier de son hygiène bucco-dentaire pendant toute sa vie. La Journée mondiale de la santé bucco-dentaire est organisée par la Fédération dentaire internationale (FDI) qui représente plus d’un million de chirurgiensdentistes à travers le monde.